Utiliser un Mamiya RZ67, optiques et accessoires utiles.

Mamiya RZ

Le Mamiya RZ67, introduction

Si vous avez déjà visité ma page de photos consacrée au Mamiya RZ67, vous savez que je suis un grand adepte du bestiau. Voici donc cet article qui va vous exposer quelques conseils pour mieux l’exploiter.

Le Mamiya RZ67 est un appareil de format 6X7 cm, qui occupe une place particulière dans la grande famille des engins à film 120. Il a été conçu comme un boîtier-système, et s’articule autour d’un corps central (qui comprend les commandes et la chambre reflex), autour duquel viennent se greffer nombre d’éléments amovibles : dos film, prisme, moteur, objectif, etc.

Sur ce corps central est monté en face avant un dispositif à soufflet, qui permet de régler la mise au point. Ce choix technique entraîne deux conséquences : une mise au point exceptionnellement rapprochée sans accessoire, et une absence de bague de focalisation sur les objectifs, rendue inutile. Il n’y a pas d’obturateur focal, l’exposition étant assurée par un obturateur central, présent dans chaque objectif. En conséquence, la synchro-flash est assurée jusqu’à la vitesse maximale (1/400e).

Ce concept lui permet de répondre à toutes sortes de problématiques photographiques, et ce n’est pas pour rien que le RZ a été le boîtier standard de bon nombre de studios commerciaux partout dans le monde. Souplesse, performance et fiabilité, c’est tout ce que recherchent les professionnels. Contrairement à la légende, ils n’aiment pas les gadgets, ni les nouveautés. Ils aiment surtout « quand ça marche! » Et le RZ marchait!

Cela n’en fait pas pour autant un boitier universel. Il est en effet plus à l’aise en studio qu’au cou d’un reporter en pleine jungle. Son architecture a été pensée pour le trépied. On le comprend tout de suite quand il s’agit de passer du cadrage horizontal au vertical. Avec un boîtier concurrent (le Pentax 67, pour ne pas le nommer), on est obligé de basculer tout l’appareil sur la tête du trépied. Cela fait perdre le cadrage qu’il faut entièrement refaire (et si vous n’avez pas de viseur prisme, vous devez vous contorsionner). Rien de tel avec le RZ. L’appareil reste fixe, et c’est simplement le dos qui tourne. En plus, des volets viennent basculer automatiquement dans le viseur pour adapter la visée. Génial!

La contrepartie de ces performances, c’est le poids et l’encombrement. En effet, on ne peut pas nier que le RZ soit discret et léger! C’est pourquoi on croit souvent qu’il ne peut être utilisé à main levée ou en extérieur. On verra que c’est tout-à-fait faux, mais pour en profiter de cette manière, il est bon de connaître un peu mieux la bête et ses accessoires.

Le cube :

Il existe trois versions du boîtier : le premier se nomme « RZ Professionnal », sorti en 1982. Suivi en 1993 par le modèle Professionnal II. Puis, en 2004 par le Professionnal IID.

Les différences entre la version d’origine et la II sont les suivantes :

– Design légèrement plus arrondi (mais c’est surtout visible sur le viseur capuchon et le prisme cellule).

– Ajout des demi-vitesses en manuel (avant, les crantages étaient sur des pleines vitesses). Cela permet un bracketting fin sur les vitesses, sans devoir toucher au diaph (ce qui modifie la PDC).

– Ajout d’une bague de mise au point fine (démultipliée) en sus de la bague habituelle. C’est sûrement confortable, mais la bague du modèle standard est largement assez précise.

– Les dos ont maintenant deux fenêtres de comptage des vues : visibles en vertical et en horizontal. C’est un petit plus de confort.

– Indications supplémentaires dans le viseur, avec des logos ajoutés en face des diodes (avant, les diodes s’allumaient de la même manière, mais on ne savait pas toujours à quoi elles se référaient).

– A priori, augmentation de la fiabilité générale.

Différences entre la version II et la IID :

– Simple ajout de contacts entre le boitier et l’éventuel dos numérique. Ceci afin que le boîtier transmette au dos des données comme le diaph, la vitesse, etc. Mais ça n’apportait quelque chose qu’avec certains dos compatibles. Et rien n’empêchait un dos non compatible de fonctionner quand même.

On voit donc que la version IID n’a pas beaucoup d’intérêt, hormis le fait qu’un tel boîtier est nécessairement plus récent qu’un modèle antérieur. Ce n’est pourtant absolument pas un gage de durabilité : en usage numérique, les appareils sont bien plus sollicités qu’en argentique. On peut très bien récupérer un IID récent et en bon état, mais complètement rincé!

Le cube de base premier modèle, soufflet replié et déplié.

 

Des trois modèles, le II est le plus intéressant. Les petites améliorations (les demi-vitesses) sont bien pratiques. Il est connu pour être plus fiable, mais à ce sujet, je dois dire que même le premier modèle est déjà très impressionnant. Pour exemple, celui que j’ai côtoyé pendant 15 ans dans le studio où je travaillais, avait englouti l’équivalent de plusieurs sacs poubelles remplis de bobines 120. Et quand je suis arrivé en 2000, il bourlinguait depuis des années déjà, et rudement. Aucun soin n’avait été prodigué par les opérateurs successifs. Sale et cabossé, l’engin n’avait jamais vu un SAV et n’a jamais défailli.

Lorsque j’ai fini par acheter un RZ, je n’ai pas hésité à me contenter du premier modèle, et de toute façon, le Pro II n’était toujours pas à ma portée. Il marche parfaitement depuis 12 ans… Donc, pas de crainte à avoir, même un modèle ancien, c’est fiable.

Mais je regrette un peu de n’avoir pas tenté de prendre un Pro II. Il est quand même plus intéressant, même si ses améliorations ne sont pas vraiment déterminantes. Aujourd’hui, il est devenu trop cher pour que je fasse le switch, alors je reste sur le modèle 1, et ça va très bien ainsi.

Les accessoires utiles ou indispensables :

Le Mamiya RZ « toutes options »… 4 kg sur la balance!

Je vais vous surprendre, mais je n’ai presque jamais utilisé mon RZ en studio! Il a toujours servi en extérieur, beaucoup sur trépied, bien sûr, mais aussi très souvent à main levée. 

Dans cette dernière configuration, l’appareil nu n’est pas très pratique à manipuler : de forme cubique, il n’y a pas de poignée pour le tenir comme avec un reflex. On doit positionner la main gauche sous le cube, et on fait le point du pouce. Avec la main droite, on stabilise l’ensemble et on déclenche avec l’index. Avec le pouce droit, on réarme. C’est parfaitement utilisable, mais pas optimal.

On vise en utilisant le viseur poitrine livré en standard. On sort la loupe pour faire le point, et une fois ceci fait, on la rétracte pour cadrer. La visée est inversée droite-gauche, et il n’y a pas de cellule.

Avec l’objectif standard, l’ensemble reste pas trop lourd et plutôt maniable. La majorité des utilisateurs s’en contente et n’achète rien d’autre… Et c’est bien dommage, car il faut reconnaître qu’utilisé ainsi, le Mamiya RZ67 est en « service minimum » et n’est pas des plus confortable. Sans parler du fait qu’il faut se munir d’une cellule à main.

Plusieurs accessoires sont heureusement disponibles, qui vont grandement améliorer les choses.

Le Mamiya RZ67 en configuration minimale, beaucoup d’utilisateurs s’en contentent. Et le même avec tous ses accessoires pour être efficace à main levée.

Le prisme cellule :

Il va à la fois redresser l’image, et vous fournir tout ce qu’il faut pour bien exposer les clichés. La visée est d’excellente qualité, lumineuse et fine, avec un remarquable relief d’œil pour les porteurs de lunettes comme moi. 

Il existe en trois versions : 

– Version AE (en deux modèles : l’ancien et le nouveau, qui reprend le design du Pro 2. Mais hormis le look, ce sont les mêmes) : fournit l’automatisme à priorité diaph et le mode semi-auto. Avec compensateur d’expo par tiers de diaph, et trois modes : Spot, globale pondérée ou « pseudo matricielle » (en fait, le truc passe tout seul de spot à globale, selon un système de choix qui me laisse un peu dubitatif. Je ne lui fais pas confiance, même s’il paraît que ça marche). Je dois dire qu’en globale pondérée, le bougre fonctionne à merveille. En noir et blanc, et en étant un peu malin (comme éviter bêtement de cadrer le ciel, ou une zone blanche en plein milieu), on obtient 100% de réussite. Il y a même possibilité de mémoriser l’expo en appuyant à mi-course sur le déclencheur (position AE-L). En diapo, il y a le mode spot qui va bien. 

Il y a aussi un barillet de vitesses manuelles, mais je ne vois pas trop son intérêt, étant donné qu’il fait doublon avec celui disponible sur le cube. 

Le prisme cellule AE, ancien modèle.

Mon exemplaire (d’occasion) surexpose de 2 tiers de diaph depuis toujours, alors je règle simplement les ISO du film en conséquence (j’attends depuis 12 ans une panne pour faire corriger ça en même temps, mais le RZ est trop fiable…donc, ça n’est pas encore arrivé!).

Je disais que les deux modèles de prismes AE sont les mêmes, mais préférer quand même le plus récent : Les barillets de l’ancienne version sont si fins qu’on a un peu de mal à les actionner, surtout le correcteur d’exposition. La nouvelle version corrige ce défaut d’ergonomie.

– Version PD : en semi-auto uniquement. Vous appuyez sur un bouton, et une flèche s’allume (« montante ou descendante »). Il faut bouger le diaph et/ou la vitesse dans le sens de la flèche jusqu’à avoir trouvé la bonne expo (matérialisée par l’affichage des deux flèches ensemble). Moins pratique que l’AE, mais pour l’avoir utilisé, ça marche très bien. Pas de mémorisation, ni de compensation. Juste la globale pondérée et la spot.

– Version sans cellule : pour utilisateurs désargentés. En fait, ce modèle n’existe pas officiellement dans la gamme RZ, mais il est disponible en RB. C’est pourtant exactement le même, seul le logo en façade est différent. J’en ai eu un aussi, mais dès que possible, je me suis payé le AE.

Avec un prisme, vous pouvez cadrer bien plus simplement qu’avec le viseur capuchon (que je n’aime pas, à cause de sa visée inversée qui vous fait bouger à l’envers), et avec l’automatisme d’exposition, vous n’avez plus qu’à faire le point et déclencher, sans réfléchir plus que ça. Simple et convivial. En plus, l’oculaire n’est pas à 90° par rapport au dépoli, mais plutôt à 70°, c’est bien plus agréable.

Bon, avec tout de même un gros hic : l’accessoire pèse plus de 900 grammes, car l’intérieur est rempli d’un énorme bloc de verre. D’un seul coup, le RZ devient lourd. Et c’est pas fini…

Curieusement, le « cube » muni de son prisme a une moins bonne prise en main qu’avec le viseur capuchon. Simplement parce qu’on est obligé de le porter à hauteur d’œil alors qu’autrement, on le cale contre le ventre. Et comme l’ensemble n’est pas léger, c’est dur de hisser tout ça jusqu’à l’œil!

La poignée L :

Alors, dans ce cas, il faut munir l’ensemble de sa poignée accessoire. Vraiment un truc à ne pas rater! Elle est dotée d’une dragonne bien confortable, et d’un déclencheur (avec le mode d’activation de la cellule à mi-course), qui permet de commander de l’index comme un reflex. Avec la particularité de devoir utiliser la main gauche, puisqu’il n’est pas possible de placer la poignée de l’autre côté (il y a le levier de réarmement). On trouve aussi une griffe porte-flash, pour le cas où où vous auriez envie de vous charger encore plus…

Bien sûr, un écrou de pied (pas Kodak) est présent, et on peut aussi intercaler le moteur d’avancement.

Cette poignée vous permet de manipuler le RZ d’instinct. Le boîtier est tenu de la main gauche, le point se fait en main droite, et le déclenchement de l’index gauche. Très convivial.

Bon, ça rajoute encore du poids… Je vous le dis, le RZ, ça se mérite! Equipé avec tous ces accessoires, je dois sincèrement avouer que la bête est trop lourde, et elle ne se fait pas oublier, surtout si l’on y met le 65mm L-A (1 kilo), ou le 250 mm APO (1,3 kg). Mais j’ai choisi de souffrir un peu : les résultats exceptionnels qu’elle me sort à chaque fois sont une juste récompense.

La poignée (L- Grip Holder RZ). Le plateau en caoutchouc manquait lors de l’achat d’occasion, mais normalement, il est censé y être!

La loupe de mise au point (pour le prisme) :

Elle vient se fixer au viseur, grâce à une glissière. Elle grossit la partie centrale du dépoli, pour permettre une MAP très fine. Très utile, voire nécessaire avec une longue focale, afin d’éviter les frustrants décalages du point. Une fois son travail accompli, elle se rabat sur le dessus du prisme, libérant le viseur pour le cadrage. Un outil léger et pratique, si vous le trouvez à un prix raisonnable, je vous le recommande.

Ma vue, plus aussi perçante qu’avant, m’oblige à l’emporter systématiquement.

La loupe de mise au point, en position de rangement, et opérationnelle.

Les dépolis :

– Dépoli quadrillé Type A4 : Très important, le quadrillage, surtout si vous n’utilisez pas de prisme. Avec la visée inversée, on a beaucoup de mal à conserver l’horizontalité. Le quadrillage est un garde-fou. 

– Dépoli avec microprismes et champ coupé Type E : Bien utile pour faire un point précis. J’ai beaucoup de mal sans cette aide.

Bon, ça fait deux dépolis…

Hélas, Mamiya ne propose pas de dépoli avec à la fois un quadrillage et les aides à la mise au point. Alors, je m’en suis fabriqué un : j’ai acheté neuf un dépoli avec microprismes et champ coupé. Je l’ai démonté délicatement (il est placé contre une vitre, le tout dans un cadre en métal). J’ai récupéré aussi un vieux dépoli dont la vitre possède quatre coins noirs (pour cacher les angles visibles en cadrage vertical). J’ai prélevé cette vitre aux coins noirs, j’y ai dessiné un quadrillage au dos, très précisément au Rotring 0,2 mm, et j’ai remis le tout avec le dépoli avec microprismes.

Désormais, je suis le seul à posséder un dépoli qui contienne à la fois les microprismes et champ coupé, le quadrillage et les coins noirs!

Un dépoli unique au monde, le « Type A4-E »!

Les bagues allonges :

Le Mamiya RZ67 dispose d’une mise au point par soufflet (toute la platine coulisse en avant, jusqu’à 46 mm de tirage), ce qui lui confère des capacités en proxi photo, voire en macro (avec des grands angles). C’est très rare en moyen format. Encore un truc qui fait aimer le RZ. Avec le 110 mm, on peut cadrer une carte postale plein pot, sans accessoire. Par ailleurs, les optiques n’ont pas de bague de mise au point, ce qui simplifie leur construction et réduit (un peu…) le poids.

Mais quand on utilise un téléobjectif, la distance minimale s’allonge avec l’augmentation de la focale. Il devient alors vite nécessaire d’emmener avec soi la petite bague allonge (il en existe deux modèles : petite N°1 ou grande N°2). A partir du 180 mm, c’est bien d’avoir la N°1. 

Elles transmettent toutes les infos, et avec le prisme cellule, aucune correction n’est nécessaire. Evidemment, sans le prisme, il vous faudra calculer la perte de lumière due au tirage (je me suis fait une table scotchée sur la bague).

La grande bague ne sert qu’en véritable macro. On peut aussi additionner les deux bagues, mais je suis toujours un peu inquiet du porte à faux induit par toute cette longueur, surtout avec un objectif autre que le petit 110. Mamiya ne fait aucune mise en garde à ce sujet, mais prudence quand même.

Des deux bagues allonges, la plus petite est la plus utile.

La courroie de cou :

Celle-là est vraiment indispensable. En plus, elle est d’un modèle spécial (vous ne pourrez pas en monter une d’une autre marque sur votre RZ). En tissu de qualité, bien large, elle est confortable.

Sans doute difficile à trouver seule, heureusement, la mienne a été fournie avec le boîtier. Sinon, vous pouvez utiliser une courroie standard, mais il vous faut dénicher les crochets de fixation spéciaux.

Le dos 120 rotatif HA703 :

Fourni en standard avec le RZ, il est souvent bien utile d’en posséder un second, afin de pouvoir jongler entre différents types de films (noir et blanc ou couleur, par exemple).

Il est muni de son réglage ISO et d’un compteur de vues.

Il possède un volet anti-voile, ainsi qu’un logement adapté pour celui-ci lors de son utilisation.

Quand le volet est en place, une sécurité interdit le déclenchement, et le dos peut se démonter. C’est l’inverse lorsqu’il est retiré.

Les dos sont très bien conçus, et je n’ai jamais noté de problème de flou indésirable, imputable à un quelconque problème de planéité. C’est pourtant monnaie courante sur beaucoup d’appareils à film 120. Encore un point important en faveur de la bête!

Le chargement n’est pas toujours pratique, car une fois ouvert, la partie interne se désolidarise et peut tomber par terre. Je vous conseille de poser tout le dos sur ses genoux au moment de charger. 

Il existe un bouchon de protection pour ne pas laisser exposé le mécanisme faisant face au boîtier, je vous conseille de vous le procurer.

Le dos existe en différentes versions : format 220, 6X6, 4,5X6.

La molette visible permet de charger le film sans le levier d’avancement du cube. Cela permet un chargement préalable, indépendamment du boîtier.

Le dos Polaroid HP702 :

Bon, c’est clair que ce n’est plus trop d’actualité (le dernier fabricant, Fuji, a cessé de fabriquer du Pola dans ce format), mais j’ai la chance de conserver au congélo (oui, ça marche, malgré certaines affirmations contraires) encore quelques packs neufs, alors cela me permet de parler un peu de ce dos. Une pointe de colère me vient : il ne possède aucune sécurité contre le voile : une fois le volet enlevé, le dos peut se détacher de l’appareil par accident, tout en voilant une vue. Donc, attention!

Autre caractéristique : les images sortent toujours en carré 7X7 cm, (avec les angles un peu tronqués) simplement parce que le dos n’est pas rotatif. Le viseur s’adapte heureusement à cette situation en proposant lui aussi une visée carrée. Très agréable de faire quelques polas de temps en temps, et le cadrage carré est finalement un plus, les images sont plus grandes. J’en profite tant qu’il me reste encore du film.

Le dos Pola, avec scotché au dos, le temps de développement pour le FP-100C de Fuji.

Les pare-soleils :

Tout le monde connaît l’utilité des pare-soleils… même s’il m’arrive souvent de ne pas les monter! Le traitement antireflet est assez efficace pour s’en passer bien souvent, mais c’est toujours mieux avec.

Les deux ronds sont vissants, le carré (pour grands angles) est à emboîtement. Ils sont très solides, car le caoutchouc est armé d’un anneau de métal. Ils sont repliables.

Avec le modèle carré, j’ai souvent des remarques de passants qui croient avoir affaire à une caméra de cinéma ou de télévision…

A gauche : pare-soleil N°1 pour 50 et 65 mm. Au milieu : le M77 N°1 pour 90, 110 et 140 mm, à droite : le M77 N°2 pour focales entre 210 et 350 mm.

Sur le terrain :

Habituellement, j’installe à demeure le RZ avec l’ensemble de ses accessoires : prisme cellule, loupe de mise au point, poignée, platine de trépied. L’ensemble est alors lourd, tape le ventre et fait mal au cou, si je le trimballe comme un reflex classique. Mais il existe une méthode bien plus confortable : glisser la tête et un bras dans la courroie, ainsi, le sommet de cette dernière est placée sur une épaule, et le boîtier vient reposer en diagonale sur la hanche opposée. Durant la marche, on maintient l’appareil pour éviter qu’il se balance, au besoin on le porte un peu. Bon, ça ne sera jamais la panacée, mais c’est jouable!

Si je veux du léger, alors j’enlève tout, et je ne garde que le cube, le dos, le viseur poitrine et un 110 mm. Ainsi, le RZ est d’un poids raisonnable (comme un reflex pro avec zoom transtandard), avec l’inconvénient de devoir prendre une cellule à main…

Evidemment, j’ai un sac de transport où je range tout le matos RZ : le boîtier complet, ses trois optiques, deux bagues allonges, deux dos, un dos pola, des filtres, etc.

Mais l’ensemble est si lourd (10 kg), qu’il est hors de question de le trimballer en balade. Il ne me sert que dans les situations qui autorisent de laisser la voiture à proximité. Sinon, j’emporte le boîtier et une optique, c’est tout.

Par construction, le Mamiya RZ67 fonctionne avec un obturateur central, situé dans chaque caillou. Cet obturateur est commandé électroniquement, cela garantit une grande précision, mais nécessite l’usage d’une pile (ref 4LR-44) qui ne se trouve pas n’importe où. Elle dure plusieurs années, mais je vous conseille d’en avoir toujours une de rechange!

Sans pile, l’appareil peut faire une photo, mais toujours au 1/400e (la vitesse maxi). Pas vraiment intéressant, il faut bien en convenir! C’est pourquoi la précaution d’avoir toujours en poche une pile de rechange n’est pas inutile…

Au repos, le miroir est abaissé et sert en même temps de protection anti-voile pour le film. Ce n’est pas vraiment un obturateur.

Quand on déclenche, la cinématique est la suivante :

– L’obturateur central de l’objectif se ferme.

– Le miroir se relève.

– Le diaph se ferme à la valeur choisie, et l’obturateur central s’ouvre durant le temps prévu.

– Puis l’obtu central se referme.

Une fois la prise de vue terminée, le miroir ne redescend pas tout seul! Il reste en position haute. C’est le fait de réarmer qui le fait s’abaisser. Cette action fait en même temps s’ouvrir l’obtu central, ainsi que le diaph.

Cette spécificité est déroutante au départ, et peut s’avérer handicapante en prise de vue de mode, où il est intéressant de voir le sujet bouger après la pose, afin de pouvoir redéclencher sans attendre.

C’est pourquoi Mamiya a prévu le coup, en proposant son moteur d’avancement. Celui-ci réarme automatiquement l’appareil (en 1 sec), donnant l’impression d’avoir un appareil normal. Cet accessoire est efficace, hélas, il n’a d’intérêt qu’en studio et sur trépied, car il est très lourd (6 piles!), et très bruyant. J’en ai dégotté un pour 20 Euros sur Ebay car il était en panne (les piles avaient coulé). J’ai pu le réparer, mais bien qu’il fonctionne parfaitement, je ne m’en suis jamais servi, pour les raisons déjà citées.

Question vibration, le RZ est étonnant de stabilité. Il y a le poids conséquent, qui aide bien (par effet d’inertie), mais pas seulement. Son miroir est particulièrement bien amorti, et l’obturateur étant central, il ne crée aucune vibration. Cela autorise des temps de pose exceptionnellement bas, auxquels seuls des appareils à télémètre nous ont habitués. Je parviens ainsi très facilement à shooter à main levée au 1/15e au 50mm, au 1/30e avec le 110mm, et au 1/60e avec le 250mm. Je suis même arrivé, avec un appui, à obtenir des vues nettes au 1/15e avec le 110. Son concurrent, le Pentax 67 en est tout-à-fait incapable (même sur trépied et miroir relevé, il faut fermement le tenir pour éviter le bougé!).

Le RZ dispose tout de même d’un mode de déclenchement avec miroir relevé (pour des prises de vues ultra léchées sur trépied), moyennant l’usage d’un déclencheur souple (on le branche sur l’optique, et non sur le boîtier. Il faut actionner le déclencheur du boîtier d’abord, puis faire la photo avec le déclencheur souple). J’ai fait un essai avec et sans miroir relevé, j’ai obtenu deux vues identiques. Mais je n’hésite pas à utiliser cette fonction dès que possible. C’est toujours agréable de se dire qu’on a fait « au mieux ».

Gestion des problèmes :

Comme je l’ai dit, je n’ai jamais eu de pannes avec mon RZ67, mais il m’arrive parfois de me retrouver bloqué avec l’appareil qui refuse de déclencher.

Pas de panique, il y a plusieurs causes possibles :

  • Vérifier qu’une sécurité n’est pas active : volet encore en place (diode orange qui s’allume dans le viseur), ou déclencheur en mode verrouillé.
  • Vérifier que le levier d’armement a été bien poussé à fond. Quelques fois, il manque un ou deux millimètres qui changent tout.
  • Avec la poignée optionnelle, le déclencheur refuse de fonctionner si le levier M-R n’est pas en position neutre, après une rotation du dos. Avec le déclencheur du boitier, ce levier revient tout seul au neutre en appuyant à mi-course.
  • Vérifier que le dos est bien en face et n’est pas légèrement désaxé.

Si tous ces points ont été bien vérifiés, il peut subsister encore trois problèmes :

  •  Souci de contact entre le dos et le boîtier. Il suffit de le démonter et le remonter.
  • Même combat avec l’optique, l’enlever puis la remettre.
  • Pile plus assez vigoureuse.
Le RZ est bourré de contacts de partout, prendre soin de ceux-ci pour assurer une transmission optimale. Ils sont dorés, et ne s’oxydent pas, mais les garder propres.
 
Après le déclenchement, vous êtes obligé de réarmer l’appareil, déjà pour voir quelque chose dans le viseur, mais aussi parce vous ne pourrez pas changer d’optique, qui restera bloquée. Il n’y a pas de risque de manque de planéité du film, même après un long temps avec le film en place.
 
En parlant des petits points agaçants, le sélecteur de sensibilité ISO des film sur les dos est un peu proéminent en cadrage vertical, et il m’est déjà arrivé une ou deux fois que la sangle se prenne dedans et fasse tourner la roue sans coup férir. De même avec le sélecteur du prisme cellule (celui qui permet de choisir entre Average et Spot), il peut se prendre dans les vêtements et changer le réglage.
 
Au chapitre de l’entretien et du stockage, Mamiya conseille de stocker les optiques avec leur obturateur central fermé, pour soulager les ressorts. Cela se fait en appuyant sur un petit ergot, du côté de la monture. Puis pousser (en un sens rotatif) les deux tiges d’armement de l’obturateur. Pour le rouvrir, pousser à nouveau les deux tiges.
Ne pas monter une optique avec son obturateur fermé, de toutes façon, ça va bloquer.
 
Je vous conseille de lire le mode d’emploi du RZ67, vous y trouverez une foule d’infos utiles.
 

Les optiques :

Dès le lancement du système, Mamiya a mis l’accent sur la « supériorité technique des optiques » (dixit la documentation commerciale), dans le but de plaire aux photographes publicitaires, grand adeptes d’images piquées et contrastées. Et de fait, les cailloux RZ sont réputés pour être « secs », par opposition aux optiques « douces » du système RB plus ancien. Rien de péjoratif là-dedans, entendre par « sec » des optiques performantes, tout simplement (il est de fait que celles du RB, datant des années 70, le sont beaucoup moins. « Doux » est donc un euphémisme pour dire « moyen »!).

Il est bon de savoir que Mamiya a entièrement repris sa gamme au début des années 2000, poussé par l’invasion du numérique, bien plus exigeant que le film. Il existe donc quasiment deux versions pour chaque focale : la classique et la « haute performance ». On verra que bien que la gamme classique ne démérite pas, les nouveaux venus affichent bel et bien des résultats supérieurs.

A noter que lors de la refonte, Mamiya, qui a continué de proposer en neuf le vieux RB des années 70, en a profité pour revoir sa gamme d’optiques RB aussi, mais ne s’est pas cassé la tête : ils ont utilisé les mêmes formules optiques. Si bien que vous pouvez acheter pour votre RZ un 65mm KL dédié au RB « dernière génération » qui a les mêmes performances que le 65 L-A (pour RZ) beaucoup plus cher! Je le sais, j’en ai eu un. Il y a une compatibilité montante : vous pouvez monter un caillou RB sur un RZ (mais pas l’inverse). Moyennant une perte de tirage d’environ 6 mm, ce qui réduit un poil la capacité macro (l’infini est à 6 mm de tirage).

Je ne vais pas vous passer en revue l’intégralité de la gamme RZ, mais simplement vous donner mon avis sur les objectifs que j’ai réellement utilisé, à la fois en numérique et en argentique.

A ce propos, le résultat en numérique ne crée pas de véritable surprise, mais la résolution supérieure en demande plus aux optiques, dont les défauts sont amplifiés. Il n’y a pourtant pas de « création » de défauts qui auraient été totalement inconnus sur film. Ils sont juste plus évidents.

Si vous voulez vous y retrouver dans les focales et leur équivalent en 24X36, il vous suffit de diviser la focale des cailloux 6X7 par deux. Un 50 mm en RZ est l’équivalent d’un 24 mm, c’est donc un grand angle. La conversion est approximative, car l’homothétie des deux formats diffère, mais ça donne l’idée.

Sekor Z-50 mm F-4,5 W, ancienne version standard :

Mon expérience avec ce caillou-là n’a rien de positive. C’est vraiment le vilain canard de la gamme. En argentique déjà, on sent vite ses faiblesses. Piqué et contraste pas trop mal au centre (cependant jamais formidables), mais dès qu’on quitte cette zone, c’est à la traîne. Distorsion bien visible (en tonneau). Si l’on souhaite une image homogène, il est nécessaire de visser jusqu’à F22!

De près, les performances s’effondrent de façon très visible (pas de lentilles flottantes). Ca passe à F22 ou 32, cependant.

En numérique, tous ces défauts sont amplifiés : festival d’aberrations diverses, surtout en proxi. Seule une pastille centrale assez étroite pique suffisamment. Si bien qu’il est inutilisable si l’on cherche une photo léchée, sauf à fortement le diaphragmer. Bref, à éviter.

Cet avis semble très dur, car j’ai constaté que beaucoup d’utilisateurs sont satisfaits de ce 50 mm. Je ne sais pas si c’est moi qui suis trop exigeant, ou alors si je suis tombé sur un mauvais numéro (c’est possible, car celui que j’ai eu entre les mains était vraiment un exemplaire des débuts de production).

Le Sekor Z-50 mm F-4,5 W.

Sekor ULD M-50 mm F-4,5 L, nouvelle version modernisée :

Ce nouveau 50mm ULD fait partie du plan de refonte, et ce n’était pas un luxe…

Cette fois, les performances n’ont plus rien à voir avec l’ancien, définitivement enterré! Le contraste est tout-à-fait exceptionnel, à tous les diaphs. Les images ont une pêche d’enfer. Question piqué, au centre, c’est très bon dès la pleine ouverture. Et on est au sommet à partir de 5,6. Dans les angles, c’est en retrait à 4,5, mais ça s’améliore nettement dès 5,6. Les angles extrêmes deviennent bien à F8. Pour des angles impeccables, il faut être autour de 16 (le meilleur diaph). La distorsion est considérablement réduite par rapport à l’ancienne version. Elle est désormais devenue discrète, sans pour autant être totalement nulle. Le vignettage, eh bien, je ne l’ai jamais remarqué sur toutes mes photos réalisées à 4,5. S’il existe, il doit être très faible.

L’objectif est équipé d’une bague de réglage (qui n’est pas une bague de mise au point) servant à optimiser les angles en fonction de la distance. Elle déplace un jeu de lentilles flottantes afin de maintenir les perfs optimales aux courtes distances. Elle doit être réglée à la main. Pas de panique, ça se fait simplement à l’estime, et de toute façon, même si vous oubliez de la régler, les différences sont très minimes et sont perceptibles seulement dans certains cas (repro de documents plats). Je n’ai jamais vu de problème sur mes images lorsque j’oubliais de tourner la bague.

En numérique, les perfs sont parfaites, car les angles sortent du capteur, du coup, seul le centre est utilisé, là où ce 50 mm donne son meilleur.

Cette optique est superbe sur le terrain à tous les diaphs, et est hautement recommandable. Elle reste ma préférée dans la gamme.

Le Sekor ULD M-50 mm F-4,5 L.

Sekor Z-65 mm F-4 W, ancienne version standard

De la même génération que le 50mm standard, on pourrait craindre des performances décevantes. Fort heureusement, il n’en est rien, et ce 65 mm est tout-à-fait satisfaisant. Bien piqué et contrasté au centre, distorsion modérée. Un peu moins bon dans les angles, mais rien d’infâmant! Evidemment, la pleine ouverture est en retrait (formule classique), mais les diaphs courants sont très bien. Image homogène aux ouvertures utiles (f11 à f22).

Même en numérique (sur capteur 24X36), il tient le coup, grâce à son piqué au centre. Mais attention aux capteurs moyen format, qui vont commencer à découvrir ses faiblesses en-dehors du centre : vous risquez d’être déçu. Le diaphragmer fait du bien (meilleur diaph à 16, comme souvent). 

Voilà une très bonne affaire pour qui veut un bon grand angle argentique sans se ruiner.

Le Sekor Z-65 mm F-4 W.

Sekor M-65 mm F-4 L-A

La copie corrigée du 65 mm standard, dans la même philosophie que le 50 mm ULD. Avec bague de réglage de la lentille flottante.

Vous recherchez le meilleur grand angle de la gamme? Vous l’avez trouvé. Ce 65 mm est exceptionnel de qualité. Distorsion négligeable, une pleine ouverture étonnante, homogène et sans vignettage (la meilleure pleine ouverture en courte et moyenne focale). C’est excellent ensuite. Il maintient ses superbes performances en proxi photo (même en macro, paraît-il, mais pas essayé). A vrai dire, optiquement, sur le terrain, il n’a aucun défaut. C’est un vrai régal, et ce 65 mm sort des images avec un rendu formidable en toute circonstance. C’est le rendu du magnifique 50 mm ULD débarrassé de ses derniers défauts (légère baisse de rendement dans les coins à 4,5 et 5,6, et résidu de distorsion).

En numérique (sur capteur Phase One de 60 mpx), absolument exceptionnel : pleine ouverture utilisable, superbe à 5,6, et qualité jamais vue ensuite.

En revanche, je n’en dirais pas autant du poids et de l’encombrement. La bête est vraiment très lourde (plus d’un kilo), et je préfère nettement le 50 mm qui est plus raisonnable (et qui donne des images plus dynamiques). Du coup, je ne m’en sers presque jamais sur film.

 

Le Sekor M-65 mm F-4 L-A.

Sekor Z-110 mm F-2,8 W, toutes versions

J’ai connu trois exemplaires de ce 110. Deux anciens de première génération, que l’on reconnaît par l’absence de repères de demi-diaphs sur la bague, et un tout neuf, le plus récent (avec ses repères de demi-diaphs). 

Le moderne est légèrement meilleur que les autres, mais seulement à pleine ouverture (piqué un peu plus élevé). Son traitement anti-reflet est plus performant que les anciens (ces derniers n’aimaient pas les lumières parasites qui venaient éclairer la frontale en rasant).

Globalement, une superbe optique : Pas de distorsion, piqué excellent à partir de 5,6. A F4, c’est encore très bon (on ne décèle pas de défaut, ça pique bien, même en paysage). A 2,8, grosse différence, les soucis apparaissent : un peu de vignettage (rien de grave), piqué moyen, sauf au centre, angles mous. On va éviter le paysage à 2,8, mais il est très sympa en portrait à ce diaphragme (grâce à un piqué correct au centre, souvent la zone des yeux). Très beau rendu doux, avec bokeh marqué. 

Beaucoup de photographes de mode l’aiment à 2,8. En revanche, le taux d’échec est assez important, en raison d’une PDC ultra courte qui interdit toute imprécision du point.

On a ainsi deux rendus possibles : doux « portrait » à 2,8, et « pub » qui claque à partir de 5,6, voire F4.

A remarquer, un très bon comportement en vue rapprochée, et même en macro (je l’ai poussé dans ses retranchements en ajoutant les deux bagues-allonges et le soufflet en extension maxi : sans égaler le 140 macro, la qualité reste satisfaisante à F16).

Accessoirement, c’est la seule optique qui ouvre à 2,8 du système. C’est un point important, et ça fait souvent la différence quand on manque de lumière. C’est aussi la plus petite et la plus légère : ça compte, car le RZ n’est pas une sinécure à trimballer en ordre de marche.

Le 110 est souvent le seul objectif que possèdent les primo-accédants au RZ, c’est le caillou-à-tout-faire.

J’ai souvent lu des personnes se plaindre qu’il laissait entrer de la poussière à l’intérieur (sur les lentilles internes). Je n’ai pas constaté ce défaut sur les trois exemplaires que j’ai utilisé.

Le 90 mm F-3,5 est parfois choisi en lieu et place de ce 110 mm. Je n’en vois pas l’intérêt. Le 110 est bien plus petit et léger, a une focale un peu plus longue bienvenue en portrait (et le 90 est de toute façon trop long en paysage), et ouvre à 2,8. Le 90 mm cumule les inconvénients, à mes yeux.

Mamiya RZ67

Le Sekor 110 mm dans sa dernière version.

Mamiya RZ67

A gauche : le 110 mm dernier modèle, à droite, une version plus ancienne. Noter l’ajout des demi-diaphs sur le dernier modèle, et un traitement multicouches différent.

Sekor Z-180 mm F-4,5 W, ancienne version classique

Une optique satisfaisante et très homogène. Un peu douce à PO (j’ai un mauvais souvenir d’une séance de portraits à 4,5 où rien ne piquait), c’est bon à 5,6, et c’est très bon à 8. 

En numérique, j’ai toujours évité de l’utiliser sous F8, pour préserver la qualité.

Le Sekor Z-180 mm F-4,5 W.

Sekor Z-180 mm F-4,5 W-N, dernier modèle

N’ayant jamais eu l’ancien et le nouveau en même temps, j’ai du mal à les comparer, d’autant que le matériel numérique employé a complètement changé dans l’intervalle. Je passe sous silence son emploi en argentique, car je ne m’en suis jamais servi avec un film! Donc, mes remarques sont surtout valables sur capteur Phase One de 60 mpx.

En toute logique, le nouveau est meilleur : il est superbe dès 5,6, et parfait à partir de 8. La pleine ouverture est un peu plus douce, bien sûr, d’autant que ce n’est pas une formule APO.

J’ai été surpris de constater la légèreté de la nouvelle version. Et je ne comprends pas comment Mamiya a fait pour réduire le diamètre de la lentille frontale sans réduire la luminosité?

En revanche, tout le poids se trouve à l’avant du fût, mais heureusement, on ne sent pas de déséquilibre une fois sur le boîtier.

Comme son copain plus ancien, l’ajout de la petite bague allonge devient nécessaire si l’on cherche les cadrages serrés.

Un très bon choix, léger, performant, et de prix raisonnable. Mais attention, 180 mm, ce n’est rien d’autre qu’un équivalent 90mm en 24X36. On est toujours surpris de se retrouver à cadrer trop large…

Le Sekor Z-180 mm F-4,5 W-N.

Photo numérique réalisée à la chambre Sinar et dos Phase One IQ160, avec le Sekor 180 mm à F22.

Sekor Z-250 mm F-4,5 W, ancienne version classique

Un peu lassé du 180 mm performant mais toujours trop court, je me suis décidé à acquérir ce 250 mm. 

La focale de 250 mm est la plus longue possible dans le système RZ sans devoir ajouter une double tige sous l’objectif pour supporter le porte-à-faux. Cet accessoire détruisant tout côté pratique à mes yeux (il faut le monter avant de mettre l’optique en place et le retirer quand on veut changer de focale), j’ai décidé de ne jamais me laisser séduire par les sirènes du 350 mm (je ne parle même pas du monstrueux 500 mm, de toute façon inaccessible).

Il se négocie curieusement à un très bas prix sur ebay (le mien m’a coûté seulement 150 Euros!), ce qui m’a laissé craindre des performances décevantes. On en trouve beaucoup à vendre, c’est pas bon signe! Et très peu d’informations sur ses résultats photographiques.

De plus, ce n’est toujours pas une formule apochromatique, et ça commence à devenir visible à cette focale.

Et pourtant… c’est une très bonne optique! Dès le premier film, j’ai été surpris : pleine ouverture un peu douce, mais pas du tout à rougir. C’est bon dès 5,6, très bon ensuite. Pas de crainte à avoir : ça pique, et le contraste est très satisfaisant.

Rendu très homogène et sans point faible. Pas de distorsion ni de vignettage.

Véritablement une superbe affaire à ce prix!

Côté pratique, ça commence à devenir long et lourd, mais c’est supportable. La bague allonge devient indispensable pour tout cadrage serré. Un accessoire à ne pas oublier à la maison. La prise de vue est tout-à-fait jouable à main levée, si on possède la poignée accessoire. Mais il est difficile de faire une mise au point très précise. 

Malgré la focale importante, on arrive assez bien à déjouer le flou de bougé, moyennant un point d’appui (merci à l’inertie importante due au poids élevé de l’ensemble, et au miroir très bien amorti du RZ).

Plusieurs vues du Sekor Z-250 mm F-4,5 W.

Sekor 250 mm F-4,5 APO

J’étais donc très content de mon 250 standard, mais tout en étant un peu frustré de ne pas avoir pu me payer la Rolls : la version APO plus récente! 

Je me suis donc mis en recherche sans trop y croire, vu mon budget visiblement trop serré. Et un jour, je tombe sur l’affaire du siècle : un APO à moins de 700 Euros (la bête se négocie habituellement bien au-delà de 1000-1200 Euros).

Une fois en ma possession, je le teste en comparaison avec le standard (que je n’avais pas encore revendu).

J’ai été très surpris et décontenancé du résultat : sur les négatifs noir et blanc de mire, les différences n’étaient pas flagrantes. L’APO m’a semblé un peu meilleur à 4,5, mais ce n’est pas spectaculaire. A F8-11, j’ai été incapable de les départager.

J’en suis presque venu à regretter mon achat. Bon, bien sûr, il est évident que le nouveau est un peu meilleur, mais comme l’ancien était très bon, la différence est ténue.

Et puis, j’avais beaucoup de mal sur la mise au point : j’obtenais toujours des négas avec de très légers décalages, donnant des perfs bonnes, mais pas renversantes.

Plus tard, j’ai fini par le tester en numérique, et il s’est avéré excellent! Le meilleur est obtenu dès 5,6, il crève le plafond. Se maintient à 8, et décroît à partir de 11 à cause de la diffraction (c’est normal). Encore une fois, j’ai eu du mal à obtenir un point précis sur mire.

En réalité, j’ai fini par comprendre d’où vient le problème : Il pique si fort qu’il n’a quasi pas de profondeur de champ (qui est une simple notion de tolérance au flou!). Du coup, suite à son achat, j’ai acquis la loupe de mise au point à ajouter sur l’oculaire du prisme. Grâce à cet accessoire, j’obtiens maintenant les perfs maximales, mais il faut vraiment soigner le travail.

Par conséquent, désormais, je peux affirmer que l’APO est meilleur que le standard. Pas de beaucoup, mais ça fait la différence. On atteint vraiment l’excellence, mais c’est obtenu moyennant du soin (idéalement, sur trépied, avec miroir relevé. Le RZ amortit bien son miroir, mais à cette focale, faut pas jouer avec ça). Au pire, la qualité redescend au niveau du standard, ce qui est déjà très bien!

Après un temps d’apprentissage, je sors maintenant régulièrement des images superbement piquées à main levée (ne pas descendre en-dessous du 125e, idéalement 1/250e, et un appui est préférable).

L’objectif est plus long et bien plus lourd que le standard, un point à ne pas négliger lors du choix. Au final, je ne regrette pas le switch, mais je comprends très bien ceux qui se contenteront du modèle « normal ».

 

Le Sekor 250 mm F-4,5 APO. Comparaison entre l’ancienne version (à gauche) et la nouvelle (à droite).

Pour finir...

J’ai utilisé tous ces objectifs, mais il n’y en a aujourd’hui plus que trois dans mon sac « RZ » : le 50 mm ULD, le 110 (dernier modèle), et le 250 APO.

Certaines anciennes versions appartenaient à mes employeurs, et donc, n’ont jamais été dans mon sac « perso ». Et celles que j’ai possédées, je les ai revendues pour financer les nouvelles. Il ne sert de toute façon à rien de garder deux versions de la même focale.

Par ailleurs, les focales de 65 et de 180 mm restent au studio (et ne m’appartiennent pas). Je ne les utilise presque pas en argentique, car elles sont remplacées avantageusement par le 50 et le 250 : en grand angle, j’ai toujours envie de « plus de champ », et en télé, c’est l’inverse!

Pour mon usage, ces trois focales sont donc idéales.

Il me reste à prendre un abonnement chez l’ostéopathe pour soigner mon mal de dos chronique. Merci le Mamiya RZ67!

Cet article a 2 commentaires

  1. Avatar
    François Bazire

    Bonjour
    Utilisateur enthousiaste du Mamiya RZ67 pro II, j’ai beaucoup apprécié votre article. Vous semblez l’utiliser aussi en numérique, c’est pour moi un domaine inconnu que j’aimerais découvrir.
    Concrètement, quelles adaptations sont nécessaires, quel dos parmi tous ceux qui existent ?
    Autre question, le 140 macro qu’en pensez-vous ?
    D’avance merci pour votre réponse
    Cordialement
    François Bazire

    1. tristan da cunha
      tristan da cunha

      Bonjour,
      Merci pour votre commentaire!
      En vérité, j’utilise seulement les optiques RZ en numérique, adaptées sur une chambre Sinar.
      Il a existé plusieurs adaptateurs pour le boîtier, en fonction de la marque du dos. Phase One en a fait un, mais j’ai oublié la référence.
      Pour l’avoir essayé jadis, l’utilisation du RZ en numérique (avec cet adaptateur) présente deux problèmes : l’adaptateur n’est pas rotatif, il faut le démonter pour le tourner.
      Ensuite, le viseur ne correspond pas au champ cadré. Phase One fournissait un cache en rodhoîd, mais on avait bien du mal à se représenter le cadre, car le dessin du vertical se superposait à celui de l’horizontal.
      Pour ces raisons, je n’ai pas opté pour l’usage d’un dos sur le RZ, préférant le monter sur une Sinar, en utilisant les optiques RZ. Celles-ci sont montées via un adaptateur fabriqué moi-même à base de planchette trouée Sinar (et rentrante pour récupérer l’infini) et d’un bouchon arrière de RZ évidé. Un élastique pousse le levier de test de PDC en permanence, pour travailler à diaph réel.
      La Sinar permet le décentrement et la bascule sur toutes les optiques en studio. Et comme on est généralement en gros plan, le cercle image est suffisamment élargi pour que ça convienne à toutes les situations.

      Concernant le 140 macro, il existe en deux versions, l’ancienne et la nouvelle (siglée L-A). C’est un caillou absolument parfait en terme de performances (même la première version était déjà bonne), mais attention, il présente un piège. Il faut le considérer comme un simple 140 mm. C’est-à-dire qu’il ne permet des gros plans qu’avec les bagues allonges! Ici, le terme macro est un peu usurpé, sa seule spécificité étant que ses perfs se maintiennent en gros plan, grâce à une lentille flottante à régler en fonction de la distance.

      Le simple 110 mm permet des rapports de reproductions plus élevés que le 140 macro, mais bien sûr, pas avec les mêmes performances (qui sont cependant très convenables).

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