Démonter un Minox C

La grosse erreur

Heureux possesseur d’un Minox C en parfait état de fonctionnement, j’ai été amené à le démonter quand même, afin de retirer une belle poussière située malencontreusement juste derrière la vitre de protection de l’objectif. Cette poussière occasionnait des artefacts parfois visibles en contrejour. 

Quelle mauvaise idée j’ai eue… Elle m’a causé bien des sueurs froides, et j’ai même réussi à bousiller les ressorts de l’obturateur. 

Mais c’est pas ma faute, M’sieur! Y’a pas de tuto sérieux sur le web à propos du démontage d’un Minox C ! On trouve quelques vidéos sur Youtube sur le Minox B (heureusement très proche), certains schémas là-encore concernant le modèle B, et une page sur le C sur le  site minoxdoc.com , et c’est presque tout.

Malgré mes déboires, je suis arrivé à mes fins, et j’ai pu au passage acquérir quelques connaissances sur la bête.

Alors profitez, les amis, c’est gratuit.

Si vous avez manqué mon article sur l’utilisation d’un Minox C, c’est à lire ici.

Prêts, partez ! Mais attendez...

Avant d’ouvrir le bazar, la première chose importante à faire : déclencher l’obturateur (avec une pile opérationnelle). C’est très important pour la suite, car cela libère les ressorts de ce dernier.

Egalement, placer le sélecteur DIN sur 9, et mettre l’objectif sur l’infini.

Commencer par desserrer cette petite vis, prise dans la peinture noire. C’est une vis de blocage, pas besoin de la retirer, il suffit juste qu’elle soit desserrée.

Puis tourner cette drôle de vis en forme de roue. Elle est très difficile d’accès, car l’axe d’entraînement du film gêne terriblement. Il faut utiliser un outil en plastique pointu pour ne pas l’endommager. Normalement, elle n’est pas bloquée, elle doit venir sans trop de difficulté.

En fait, cette vis sert à verrouiller le capot d’entraînement du film. J’ai fait une vue 3D sommaire, montrant comment c’est fichu à l’intérieur. Le capot contient une glissière (rectangle bleu), sur lequel vient buter une tête (en rouge). En écartant cette tête de la glissière, on peut ainsi déverrouiller le système.

Tirer très très légèrement le couvercle de manière à commencer à voir un jour, pas plus. Y glisser un tournevis pour déconnecter la barre de traction en laiton du couvercle en alu. C’est clipsé, et il suffit de déplacer légèrement la barre latéralement pour désolidariser l’ensemble. Faire très attention à ne pas détendre trop fort les ressorts, car sinon, ils seront fichus.

La photo est trompeuse, car elle montre un état où les ressorts sont démontés de la barre, alors j’ai pu complètement sortir le tout de l’appareil.

Une fois le capot retiré, voici à quoi ressemble la barre en laiton. On y voit deux ressorts accrochés. Ils sont reliés aux lames de l’obturateur.

Retirer les deux vis situées du côté de la synchro flash. Pour ce faire, utiliser le trou de la prise pour y glisser le tournevis. Cette partie de l’appareil sert à retenir les deux faces latérales du boîtier. Il y a une troisième vis en-dessous, mais vous n’y avez pas encore accès. 

Enlever les deux vis autour du viseur, attention, celle de gauche est plus longue que l’autre.

Cette façade est encore retenue par les deux extrémités. Il faut écarter la pièce dont vous avez enlevé les deux vis (étape précédente) pour pouvoir soulever le côté droit. Puis déplacer la pièce vers la gauche (sur sa partie gauche, elle est reliée au corps par une encoche).

Faites attention, le filtre gris neutre devant la cellule n’est pas fixé, il faut le mettre de côté.

Dès que cette façade est enlevée, le second capot se détache tout seul.

Vous pouvez enlever le verre protecteur du viseur, il est généralement sale au verso. Glisser un cure-dent dans une des encoches (flèches rouges), puis faites levier (flèche bleue). Nettoyez-le et vous pouvez aussi nettoyer le verre accessible du viseur, mais sans appuyer, car ces pièces sont mobiles, il ne faudrait pas tout dérégler !

Démonter la seconde façade en dévissant les deux grosses vis de droite, pas les autres.

Retirer l’oculaire du viseur. Il est simplement posé dans une pièce libre.

Derrière celui-ci, on a accès à la première face du système optique du viseur. Attention : gardez-vous bien de la tentation d’un nettoyage à l’alcool de cette face en particulier. Elle a reçu un traitement de surface particulier servant à réfléchir un cadre métallique situé en face, et qui va matérialiser le cadrage dans le viseur. Si vous endommagez la surface traitée, le rectangle ne va plus se réfléchir dessus, et vous ne pourrez plus cadrer vos images… Donc évitez tout nettoyage avec alcool ou autre. Seul un dépoussiérage à l’air ou pinceau est envisageable sans risque.

Puis retirer la tige qui verrouille le capot.

Enfin, retirer le presseur de film, permettant l’accès à la chambre, que l’on va pouvoir dépoussiérer (attention, le revêtement noir est fragile).

Jusqu’ici, c’était du gâteau. Désormais, on s’attaque à du délicat : le bloc de commande. Faites très attention, les fausses manoeuvres sont courantes pour cette partie, en particulier concernant les ressorts et les lames de l’obturateur, qui sont des pièces VRAIMENT extrêmement fragiles.

Dévisser les deux vis peintes en noir à gauche, puis celle à droite.

Le couvercle est maintenu par un repli de métal. Il faut donc soulever légèrement l’ensemble, et coulisser vers la droite pour libérer la face.

Et là, vous entrez dans le Saint des Saints. Première chose à faire : marquer la position du cadran du compteur de vues : une marque au crayon en face du trait rouge suffira.

Ne faites jamais tourner ce cadran autrement qu’avec le réarmeur (la tige en laiton), sinon, vous allez désynchroniser le système qui régule l’écartement entre les vues (qui fonctionne par estimation de la variabilité du diamètre de la bobine au fur de son avancement). Si vous faites cette bourde, ne venez pas pleurer, je suis incapable de vous aider !

Autre point de vigilance avec ce cadran : il a tendance à se déchausser quand on actionne le réarmeur (pour faire des essais), car il est à peine maintenu des deux côtés par le corps principal, et il se balade facilement sur son axe.

Pour le remettre, il faut détendre les ressorts en poussant très partiellement la tige de laiton du réarmeur. D’ailleurs, cette tige peut se retirer complètement sans dommage.

Ne pas tourner le bouton de mise au point. Et ne surtout pas le démonter, sauf si vous aimez les challenges.

Une fois les ressorts détendus, on peut recentrer le cadran facilement, et remettre le bitoniot de la crémaillère s’il a sauté.

Voici les lames de l’obturateur à moitié sorties, après avoir démonté les ressorts. Ces lames sont d’une extrême finesse et fragilité. Elles plient à la moindre sollicitation. Mais on peut les redresser si on est très adroit.

L’obturateur fonctionne d’une façon originale : il est composé de deux lames de métal reliées à des ressorts. 

Quand on pousse la tige pour armer, deux picots situés à côté du viseur se rétractent, permettant aux deux lames d’avancer dans le couloir, jusqu’à dépasser sur le viseur. En bout de course, les deux picots jaillissent et vont se placer dans les fentes pratiquées sur les lames.

Quand on étire la tige, cela tend les ressorts, car les lames sont bloquées par les picots.

Au déclenchement, un seul picot se rétracte, libérant d’un coup la tension du ressort, faisant se déplacer brutalement une des lames. A la fin de la pose, le second picot rentre, libérant la seconde lame, qui met fin à l’exposition.

Vous êtes gâtés, je vous ai préparé une animation 3D expliquant tout ça, car je ne recule devant rien pour vous rendre heureux.

Pour enlever une poussière devant l’objectif, on n’est pas censé ouvrir le boîtier jusqu’au panneau de commandes. De fait, lors de mon premier démontage, je n’ai eu qu’à enlever les deux parois latérales.

J’y suis très bien arrivé, mais j’ai commis une bourde au remontage : j’ai oublié de revisser la vis en forme de roue dans le logement de la cartouche (celle qui verrouille le couvercle). Du coup, au premier essai d’armement, la grosse catastrophe  : j’ai arraché les deux ressorts… puisque le couvercle n’était plus bloqué !

Ceci m’a entraîné dans une spirale pas possible :

Les ressorts étant fichus, je me suis dit qu’il valait mieux trouver un autre Minox C sur Ebay. J’en ai donc pris un nouveau (60 Euros), mais à la réception, il était tellement beau et neuf que je n’ai pas eu le cœur de le sacrifier !

Alors, j’ai commandé des ressorts neufs chez Marty. Ils se vendent sous forme d’un kit complet, comprenant les deux lamelles d’obturateur. Le tarif de 30 Euros est justifié, compte tenu de la rareté de ces pièces. Ajoutez à cela 13 Euros de frais de port, et 11 Euros de frais de douane… Ca fait cher la connerie!

Mes ressorts une fois la connerie faite. Le kit proposé par Marty aux USA.

Remonter le Minox

Remettre le capot principal n’est pas facile du tout.

En effet, il faut replacer parfaitement centré le compteur de vues, maintenir le bouton du déclencheur en place (un bout de scotch va bien), et surtout, positionner le téton du sélecteur ISO en face de sa commande.

D’abord, pousser vers la gauche la plaque coulissante en métal (bien vérifier que le sélecteur est sur 9 DIN). Elle se déplace via la pièce en plastique en forme d’escargot. Voir photo.

Si vous êtes parvenu à « passer » le bouton de mise au point, il vous reste à reconnecter l’ergot des ISO/DIN en face de sa commande sur le boîtier.

Pour cela, pousser la commande côté boîtier vers la gauche au moyen d’un objet plat. Ici, un tournevis, mais c’est une mauvaise idée (trop épais). Il vaut mieux utiliser une pointe de lame X-Acto.

Puis, tout en retenant cet ergot pour l’empêcher de revenir sur sa butée, refermer le couvercle. Ce dernier doit se fermer totalement, sans effort. Si ça coince, il y a un truc qui bloque, inutile de forcer, mieux vaut rouvrir et refaire une tentative.

Avant de revisser, vérifier en tournant les trois boutons que tout va bien. Remettre la pile, et déclencher avec précaution et faire jouer le réarmeur (attention, il n’a pas de butée, n’allez pas au-delà de la limite !), afin de tester un cycle complet. Faire très attention à observer les deux tétons de l’obturateur : il ne faut pas qu’une lame vienne s’écraser sur l’un deux qui ne se serait pas rétracté. 

Pour remonter le capot côté objectif, bien remettre en place le petit filtre de la cellule. 

Puis positionner en butée à droite (dans le sens de la photo) les deux ergots : celui du grand filtre gris neutre et l’autre qui commande le déplacement du petit.

Positionner la barre de commande juste comme il faut, c’est-à-dire que les pointes de diamant doivent être complètement visibles de l’extérieur.

Il ne vous reste plus qu’à reprendre à l’envers les étapes précédentes.

Attention au moment de remettre le grand capot visible sur la photo : il faut que l’ergot de la barre articulée (qu’on voit tenue par la pince) soit retourné dans son logement, sinon, ça va coincer.

Le capot qui est relié à la barre de l’obturateur se remet simplement en le glissant, jusqu’au déclic indiquant qu’il est de nouveau solidaire avec l’obturateur.

Ne pas oublier de resserrer la roue dans le compartiment du film, et de la bloquer avec la vis. Actionner prudemment le capot pour vérifier que la butée est active !

Et voilà, votre Minox est remonté. Mais vous ne serez jamais certain qu’il est en parfait état tant que vous n’aurez pas fait un film avec. C’est tout de même la vocation d’un appareil photo, non?

La publication a un commentaire

  1. Avatar
    Jidem

    Bonjour, merci pour tous ces renseignements, terriblement intéressant; une question: je suis le possesseur d’un Minox LX, après avoir testé sur une pellicule N&B, j’ai été surpris de découvrir mon film, transparent( après développement) donc non exposé; le déclencheur semble fonctionner (il émet un bruit) par contre la pile d’origine était pratiquement HS, est-ce possible que cela provienne de la pile ? comment savoir si le déclencheur fonctionne réellement ? merci pour votre intérêt.
    Jidem

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