Introduction

Ce texte relate une aventure : celle de la pratique contemporaine du premier procédé photographique, le daguerréotype.

A vrai dire, on ne s’improvise pas daguerréotypiste en se réveillant un matin. C’est l’aboutissement d’un long chemin, qui a commencé pour moi il y a 15 ans, lors d’une visite au musée de la photo, à Châlon-sur-Saône.

En tant que passionné de photographie, et intéressé par l’histoire de la photo, j’avais une connaissance livresque du daguerréotype. Je savais qu’il s’agissait d’images noir et blanc sur plaque de métal, obtenues d’une manière particulière (et assez mystérieuse, les termes d’iode ou de chlorure d’or n’étant pas d’usage courant!). Mais pour ce que j’en voyais, il semblait que le résultat n’était rien d’autre qu’une banale image monochrome.

J’étais, hélas, trompé par les procédés de reproduction et d’impression d’un daguerréotype, qui, une fois sur le papier, donnent une image noir et blanc pas tellement différente de celles d’aujourd’hui, le côté suranné en plus. Bien pire, les monographies et autres livres consacrés au sujet font souvent l’économie de la quadrichromie (ben oui, ce sont bien des images noir et blanc, non? Pourquoi augmenter les coûts d’impression avec de la quadri?).

Malgré ces biais, le daguerréotype me fascinait déjà, non par son aspect (dont j’ignorais tout, n’en ayant vu qu’en livre), mais par son statut de pionnier. Rien que le récit de l’invention de la photo par Niépce, et de la découverte du procédé par Daguerre, était déjà passionnant. Ensuite, vivre une époque (on est en 1839!) où la moindre vue de son balcon déclenchait un véritable émerveillement du public, me laissait nostalgique et envieux! Je voulais retrouver cet émerveillement, qu’on avait tous perdu, blasés que nous sommes par l’invasion du numérique et de la consommation d’images instantanées.

L’image rélévée

Nanti de cette culture tronquée, me voilà donc déambulant dans les salles du musée.

Au détour d’un couloir, je me retrouve face à un miroir. Un miroir sali, avec un cadre style Empire, et tout petit. On est dans un musée de la photo, j’en déduis qu’il y a là une astuce…

Je m’approche, et découvre qu’il y a un semblant d’image sur le miroir, mais très faible, comme les traits d’une gravure sur cuivre. Je me place à 45° par rapport à la surface et ne vois rien de mieux. Quand voilà qu’un visiteur au manteau noir passe et se reflète dans l’image. Soudain, l’image se révèle pleinement et devient parfaitement visible dans toutes ses nuances.

La vérité est que les noirs d’un dag n’existent que par le reflet d’un objet noir sur la surface argentée. Si bien que si l’environnement qui se reflète est blanc, on obtient une très pâle image négative. Mais si vous placez le dag dans une pièce sombre et que vous braquez un projecteur dessus, l’image positive se révèle dans toute sa splendeur.

Cette découverte fut pour moi un véritable choc : c’est donc ça, un daguerréotype? Je n’arrivais pas à le croire, et il me fallut lire la légende sous l’image pour me persuader qu’il s’agissait bien d’un dag, et non d’une sorte d’hologramme, ou autre procédé en relief.

Par ailleurs, un dag n’est absolument pas en noir et blanc! L’image négative est dorée, et en positif, elle est d’une teinte brune, avec des nuances bleues dans les parties surexposées.

Constatation : les livres d’histoires mentent par omission! Ils passent sous silence plusieurs caractéristiques fondamentales du dag, qui en font un objet unique, un objet qui fascine et ne laisse personne indifférent.

C’était il y a 15 ans, et aujourd’hui, je pratique le dag. Ce blog vous montre ce qu’il s’est produit dans l’intervalle.

Tristan da Cunha

Photographe professionnel, spécialisé depuis 20 ans dans la prise de vue culinaire et tous les défis techniques.

Mais pas seulement…

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