Au clair de la Lune

La photo, ça marche aussi la nuit… J’en ai fait beaucoup au temps où le numérique n’existait pas encore.

Ceux qui ont déjà expérimenté la discipline en argentique savent les difficultés que cela représente : en couleur, pour une qualité maximale en inversible, il ne faut pas dépasser 100 ISO (et j’étais la plupart du temps à 50 ISO), et 400 ISO en noir et blanc (j’étais souvent en 100 ISO).

Ajoutons à cela la perte de sensibilité des films au-delà de quelques secondes de pose, et vous aurez compris qu’il fallait une bonne dose de patience pour s’attaquer au sujet. Les temps de pose varient entre 5 mn et deux heures, selon la lumière disponible. Et en plus, il fallait parfois bracketter.

L’exposition était déterminée à l’estime, en me basant sur l’expérience. On y arrive assez vite.

La grande joie que me procurait la surprise de découvrir l’image sur le film était le moteur qui me donnait la force d’attendre des heures à côté du trépied, debout dans le froid et l’humidité.

Avec le numérique, l’image est obtenue beaucoup plus facilement, au pire en quelques minutes. Et elle s’affiche immédiatement. Par conséquent, j’ai perdu tout intérêt pour la discipline, et j’ai fini par laisser tomber la photo nocturne. J’en ai quand même mis deux ou trois.

Maintenant la nuit, je dors. C’est bien aussi. 

Tristan da Cunha

Photographe professionnel, spécialisé depuis 2000 dans la prise de vue culinaire et tous les défis techniques.

Mais pas seulement…

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